GRAVURES DU CENTAURE R. DE FESTES

Que la fantaisie de Régine De Festes soit stimulée par la sphère du merveilleux et du magique, l’artiste nous l’avais déjà démontré auparavant, lorsqu’elle revisitait les saisons de la chevalerie médiévale et qu’elle en exprimait des visions chargées d’un contenu poétique désuet.

Maintenant avec ce style de gravures Régine rejoint les degrés les plus profonds du thème : elle dépasse les seuils même du mythe pour cueillir dans ses multiples aspects la figure du centaure en fuite avec une jeune femme.

On trouve ici l’écho des noces manquées de Piritoo, le Roi des Lapithes, dont la fiancée fut enlevée par un centaure. Le conte mythologique est librement interprété par Régine de Festes comme un fin divertissement puisque la femme, plus qu’à la douleur de l’outrage semble céder peu à peu aux charmes du ravisseur et s’abandonne doucement à lui.

Ce n’est donc pas une atmosphère de malédiction qui entoure ces images, mais plutôt les sens tendres qui émanent d’une histoire d’amour- jusqu’au fond des paysages d’une Thessalie vue comme en un songe qui se transforment en scènes ombragées et séduisantes, propres à accueillir, à servir d’écrin même, aux phases changeantes de l’idylle.

On pourrait dire aussi que Régine évoque un autre mythe, celui de la belle et la bête, à plusieurs reprises utilisé par les peintres, les poètes et les romanciers. Un mythe qui s’accorde parfaitement à la fantaisie de Régine qui est encline, comme on peut le constater, à réélaborer les univers les plus extraordinaires. Ces gravures, l’une à côté de l’autre composent d’une certaine manière une fable antique.

Une fable qui aurait plu à Pierre Louys, et qui aurait plu à Jacques Prévert, parce que l’imagination de l’artiste qui trouve sa source dans un climat historique précis, le climat de l’enchantement profond du symbolisme, la replace dans un contexte de modernité, pour nous rappeler l’uniformité immuable de l’amour. Là est donc le charme énigmatique qui repose dans ses images, et prends l’observateur aussitôt.

Écrit de CARLO MUNARI

 

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